L’art intuitif de Yong Sook Kim-Lambert
Elle est née en Corée dans une famille de huit enfants. Après ses études en art à l’Université de Honk-Ik, Yong Sook Kim rencontre l’amour dans son atelier de Séoul où elle enseigne le dessin et la peinture. Un Québécois féru de littérature lui donnera les ailes avec lesquelles elle s’envolera vers le Québec. Il y a 36 ans de cela. C’est dans son atelier de Magog que Art Magazine a rencontré une artiste dont la dualité culturelle est source d’inspiration. – Texte et photos Diane Laberge
Pour Yong Sook, le Québec est son home sweet home. « J’ai passé une grande partie de ma vie de femme ici. C’est ici que sont nés mes deux enfants. Ici, que j’ai pris racine. C’est ma maison. » Dans le savant désordre de l’atelier où elle me reçoit, la théière n’est jamais bien loin. En sa compagnie, le nectar a des parfums d’aventure. Replongeant dans son enfance, Yong Sook se rappelle les petites mains habiles de sa mère. « Par souci d’économie et de recyclage, elle utilisait des retailles de vieux costumes traditionnels pour créer les couvertures de mes cartables d’écolière. La façon dont elle assemblait ses motifs créait de véritables œuvres d’art. Plus qu’une couturière, c’était une designer. »
Du crayon au pinceau en passant r la plume Partout, des carnets, du papier et des retailles de toutes sortes. Ici, la vie fait son œuvre. « On a peut-être l’impression qu’on ne fait rien en coupant du papier mais le processus créatif, lui, est toujours en marche », rigole l’artiste. Acrylique, aquarelle, fusain, encre, tout y passe. « J’ai étudié et maitrisé plusieurs médiums. Aujourd’hui, je m’offre la liberté de « jouer » avec eux sur une même toile. » L’artiste aime particulièrement la texture ainsi que les qualités tonales des charbons à moitié effacés qui parfois s’amusent à construire une certaine planéité figurative dans un univers abstrait.
Passé, présent et futur.
Avec parfois plusieurs tableaux en production, elle peint – souvent tard le soir – de façon intuitive, gestuelle, sans plan précis, se laissant guider par l’émotion du moment. Ses références culturelles sont encore aujourd’hui très présentes dans son œuvre. « On dirait qu’en vieillissant, j’éprouve une certaine nostalgie, d’où les collages d’écriture et de symboles coréens que j’utilise parfois en trame de fond. » En même temps, le traitement qu’elle donne à ses œuvres est très actuel, très design. Y aurait-il un peu de sa mère sous le talent de Yong Sook ?
Mon regard se laisse accrocher par la couleur parfois vive des peintures, gravures et sérigraphies d’exception qui m’entourent. Les voyages font aussi leur chemin dans son imaginaire. J’avoue avoir craqué pour Évora, tableau qu’elle a créé à son retour du Portugal, une œuvre toute en texture, mouvement, lumière. «Les murs de ses remparts empreints de traces du passé m’ont beaucoup émue. » Laisser sa trace, voilà, tout est dit !
TEXTE INTÉGRAL DE L’ARTICLE PARU DANS ART MAGAZINE, ÉDITION #9, Été 2024