L’homme-orchestre de Québec
Fraîchement nommé à la direction musicale de l’Orchestre symphonique de Québec, Fabien Gabel débarque chez nous baguette en l’air et esprit ouvert. Choc culturel? Aucun. On est cousins après tout.
Extrait du reportage « Deux hommes et un cousin », publié dans le magazine CHIC de l’automne-hiver 2012.
Malgré qu’il soit l’un des chefs les plus en demande de sa génération, l’homme est d’une simplicité désarmante. Le charme de Fabien Gabel opère dès le premier contact. Parisien d’origine, il admet avoir mis les pieds au Québec pour la première fois suite à l’invitation de Yannick Nézet-Séguin. C’était il y a dix ans. « Tout s’est tellement bien passé qu’on m’a invité à nouveau, deux ans plus tard », souligne Fabien Gabel. Son intérêt pour le Québec n’a cessé de croître depuis la découverte de nos similitudes. « Nous possédons le même côté latin et beaucoup de personnalité. La différence? Même si on vient du même berceau, vous êtes encore plus francophiles que nous, les Français », soutient le nouveau chef de l’Orchestre symphonique de Québec, touché de constater le désir profond des Québécois de préserver les derniers bastions de la langue française en Amérique du Nord.
La musique dans le sang
Né de parents musiciens, Fabien Gabel est tombé très jeune dans la marmite. « À 10 ans, je travaillais déjà pour devenir musicien professionnel », admet le chef. Trompettiste et musicien pendant une dizaine d’années, il fait un stage déterminant au Colorado avant de devenir chef et d’entretenir des relations étroites avec les plus grands orchestres du monde. En 2011, on l’invite au Domaine Forget de Saint-Irénée et ensuite à Québec, afin de jouer avec l’Orchestre symphonique. Il sait que l’Orchestre se cherche un chef et se retrouve parmi les candidats potentiels dans un rigoureux processus de sélection. « Je voulais absolument ce poste. Ma patience a été récompensée ».
Son défi? « J’aimerais amener l’Orchestre à se produire à Paris ce qui représenterait une première en 110 ans d’existence. J’aimerais apporter ma pierre à l’édifice, déjà très solide, et y apposer ma signature ». Sonorité, précision, respect de la partition, voilà en gros ce qu’il défend à grands coups de baguettes.
Notes hivernales
Le directeur musical avoue que la perception qu’il avait du Québec est en tout point conforme à la réalité. « Le Québec est accueillant et les gens chaleureux. Je l’ai réalisé en retournant à Paris. J’ai eu un choc », rigole le Québécois d’adoption. L’homme s’est déjà fait quelques amis dans le milieu dont Maxime Morin, mieux connu sous le nom de DJ Champion. « On s’est rencontré à Paris et on a immédiatement sympathisé». On imagine le bonheur des deux comparses de jouer ensemble lors d’un concert mixte présenté à Québec l’été dernier. « Je souhaite contribuer à démocratiser la musique classique en favorisant des concerts populaires et, pourquoi pas, en plein air ». Jouer dehors? L’hiver québécois réserve peut-être quelques surprises au maestro qui dit n’avoir encore jamais expérimenté de températures sous les moins quinze degrés celsius.
Pour apprivoiser nos hivers, il entend pourtant foncer dehors à la première tempête. « J’ai toujours rêvé de voir Paris sous 20cm de neige pendant trois semaines », avoue le chef, skieur à ses heures. « Ici, les montagnes sont plus accessibles encore et j’ai hâte d’en profiter ». En piste ou à son pupitre, nous avons quatre ans devant nous pour faire connaissance.
Ses coups de cœur
Le quartier Montcalm : Pour l’ambiance, les commerces de quartier et les bons restaurants.
Le Bistro B : rue Cartier. Parce que la carte change fréquemment, il faut y retourner souvent.
Le Jules et Jim : rue Cartier. Pour l’ambiance rétro et le côté iconique du lieu.
Son péché mignon? Le chocolat de chez Erico, chocolaterie artisanale de la rue Saint-Jean : un choco-musée pour dents sucrées.